POISON INCONNU

 

 Mort suspecte à Lisbonne : le célèbre Anito, l’attaquant vedette du FC Porto est retrouvé mort chez lui vers deux heures du matin … 

« - Quoi ? Gilbert Nossu se mit à trembler, mais il était là hier. Hé venez voir, c’est incroyable ! »

Les serveurs et les cuisiniers se regroupèrent autour de leur patron, ils ne l’avaient encore jamais vu dans cet état.

Il faut dire que pour l’instant tout allait à merveille pour le directeur Nossu, son restaurant le Paquebot venait d’obtenir sa quatrième étoile en à peine trois ans d’existence, un record.

Tout le monde se bousculait pour venir voir l’article mais très vite les cuisiniers retournèrent au travail.

 

 Le lendemain la même scène se reproduisit. Il s’agissait cette fois du célèbre chanteur Tépih retrouvé mort dans la rue alors qu’il venait de quitter le Paquebot.

Au même moment dans son bureau, au 1er étage, dans un recoin du commissariat, l’inspecteur Darchi s’énervait sur son ordinateur. Un nouveau dossier venait d’apparaître sur son écran : deux meurtres de célébrités en deux jours. Très vite l’inspecteur retrouva le sourire, cette enquête s’annonçait bien, les deux victimes avaient mangé la veille au Paquebot, le restaurant des célébrités, une visite s’imposait.

 

 

Il gara sa moto devant le restaurant et entra :

« - Le patron s’il vous plaît !

-       C’est pourquoi ?

-       Inspecteur Darchi de la brigade SEGPA.

Nossu avait du mal à s’exprimer, il ne comprenait rien, vraiment rien. Oui ils étaient bien là tous les deux, Anito était même en grande forme, mais non, il ne comprenait pas et n’avait rien remarqué de spécial au cours de ces deux soirées.

- Et si c’était vous ?

- Moi ? Vous voulez rire, pourquoi je ferais ça, je n’ai aucune raison de voir mes clients s’enfuir !

-       Vous avez des suspects ?

-       Il y a bien ce cuisinier que j’ai renvoyé la semaine dernière mais … je n’y comprends rien. »

 

Tard le soir, stressé et toujours aussi nerveux, Darchi fut soudain surpris par la sonnerie du téléphone. C’était Bérot de la police scientifique :

« - J’ai vos analyses inspecteur, comme je m’en doutais il s’agit bien d’un poison, mais il y a un petit problème …

-       Lequel ?

-       Ce poison est complètement inconnu, je n’ai jamais vu une chose pareil.

-       C’est ce produit qui a causé la mort ?

-       J’en suis persuadé, par contre celui qui a créé ce poison est un sacré chimiste, quelqu’un d’exceptionnel. »


Le lendemain les journaux titraient à nouveau sur un décès étrange, cette fois c’était le tour d’un ministre ! Et bingo ! Il avait mangé le soir même au fameux restaurant des stars : le Paquebot !

 

Maintenant il fallait passer aux choses sérieuses.

 

Tous les patrons des restaurants de la ville étaient là, Nossu, au premier rang, effondré et pâle. Darchi pris la parole :

« - J’ai décidé de faire fermer le Paquebot tant que nous n’aurons pas mis la main sur le petit malin qui nous joue ce sale tour. Nous vous demandons à tous de faire attention ou nous serons obligés de fermer tous les restaurants de la ville !

- Vous ne pouvez pas faire ça ! Un petit homme chauve venait de prendre la parole, je suis le porte parole des restaurateurs et c’est à vous la police de faire votre travail, vous n’avez pas le droit de nous empêcher de faire le nôtre ! »

Safiès, le patron de chez Paulette fut applaudi et la réunion prit fin dans un énorme chahut.

L’inspecteur quitta la salle en trombe en demandant à son collègue d’enquêter discrètement sur ce petit chauve.

 

Deux heures plus tard, dans le bureau de Darchi, Nossu était mal en point. Le bel homme grand et riche à qui tout réussissait faisait pâle figure.

« - Il faut parler maintenant Nossu, vous êtes mon seul suspect, nous avons retrouvé le cuisinier dont vous nous avez parlé, cela fait 4 jours qu’il est au Canada chez sa sœur.

- Mais je suis innocent.

- Qui alors ?

- Il y a bien ce client …

- Je vous écoute.

- Un client bizarre, il mange toujours seul... , chaque soir, à la même table. Et hier soir, étrangement, il n’était pas là.

- Son nom ?

- Heu … je ne m’en souviens plus, on l’appelle tous le solitaire alors … oh si il signe du nom de Drave je crois. »

 

 Ding Dong

L’inspecteur tapait du pied, ses trois collègues derrière lui, devant la porte de Vincent Drave.

« - Y’a personne, on défonce ! »

La porte vola en éclat.

Là, dans la grande salle vide aux murs blancs, un spectacle macabre les attendait.

 Au bout d’une corde, tout blanc, les yeux ouverts semblant regarder l’inspecteur et ses collègues, Drave était pendu.

Sur la table une lettre expliquait qu’il était responsable des meurtres mais qu’il préférait mourir plutôt que de finir en prison. Darchi esquissa un sourire, l’affaire était close. Il se ravisa bientôt car quelque chose n’allait pas, cela ne paraissait pas sérieux, pourquoi Drave aurait-il fait ça ? Quel pouvait bien être son mobile ?

 

Ses doutes furent bientôt confirmés par la visite le soir même de Bérot :

« - Tiens j’ai du nouveau, j’ai examiné le corps et ton suicidé présente un joli hématome à la tête.

-       Et alors ?

-       C’est juste qu’il n’a pas pu se pendre tout seul, quelqu’un l’a aidé.

-       Mouais encore un cadavre sur les bras et pendant ce temps le meurtrier court toujours. »

 

Darchi passa la nuit sur le dossier Drave à la recherche d’indices qui lui permettraient de trouver un nouveau suspect. Drave était un ancien chimiste qui avait eu son heure de gloire dans les années 60, il travaillait alors avec un de ses collègues à la mise au point d’un médicament miracle  qui n’a finalement jamais vu le jour. Drave déçu s’était alors complètement retiré de la chimie et vivait depuis seul, en dînant tous les soirs au Paquebot. Sur la coupure de presse on pouvait le voir poser aux cotés d’un gros blond joufflu, le professeur Fasié. Lui aussi avait raccroché après cet échec retentissant et personne ne savait ce qu’il était devenu.

« - J’aurais pourtant aimé l’interroger celui-là, se dit L’inspecteur à haute voix »

 

Il se servit un café et se replongea dans le dossier.

C’est sûr, Drave avait pu créer ce poison, il en avait la capacité, mais rien ne pouvait l’expliquer. En plus on l’avait tué, il devait donc être au courant de quelque chose, mais de quoi ?

Nossu n’était pas clair dans cette histoire, c'est lui qui détient les clés de ce mystère, il faut de nouveau l'interroger.

" -Rendez-vous "chez Paulette" à midi, et il va falloir passer à table Nossu !"

 

Nossu était attablé dans ce restaurant moderne et contemplait la carte. Darchi entra et se fit emmener à la table de Nossu.

« - Le dossier est loin d’être résolu, il va falloir m’aider monsieur Nossu.

-       Je vous ai déjà tout dit, je cherche mais je ne vois vraiment pas qui pourrait m’en vouloir à ce point.

-       Avec la mort de Drave, cela fait quand même quatre cadavres et pas une seule piste. »

Le patron de chez Paulette vînt les interrompre afin de prendre les commandes. Darchi reconnu tout de suite le chef du syndicat des restaurateurs. Il portait un tablier sur lequel brillait une étoile et une chemise à manches courtes qui laissaient voir un étrange tatouage, une sorte de serpent enroulé sur un bâton.

« - Qu’est-ce que vous désirez messieurs ?

-       On vous fait confiance, répondit Darchi, mais c’est quoi cette étoile sur votre tablier ?

Safiès sembla rougir et essuya son front chauve du revers de la main.

 - C’est la seule que l’on ait bien voulu m’accorder, mais je ne désespère pas de réussir moi aussi. »

 

Le repas fût mouvementé, Darchi ne lâchait pas Nossu et semblait vouloir l’assommer de questions. Les plats les plus étranges arrivaient sur la table, des mousses de poisson sophistiquées, des crèmes étranges aux couleurs bariolées, des parfums exotiques se mélangeaient aux goûts les plus classiques.

« - Et pourquoi il n’a qu’une seule étoile ce Safiès, il ne se débrouille pas mal je trouve.

-       Oh vous savez, la cuisine est un métier bien difficile et il faut parfois beaucoup de chance pour réussir, répondit Nossu. Je crois que les responsables de la cuisine d’aujourd’hui n’apprécient pas trop la nouveauté, Safiès a des idées et des techniques intéressantes, il mélange la chimie et la cuisine mais il est trop en avance et peut-être trop ambitieux.

-        Il faut dire qu’il n’a peur de rien, rajouta Darchi en désignant une sorte de glace flambée entourée de tuyaux de couleurs d’où sortait des crèmes étranges et que l’on venait de déposer sur leur table. »

 

Ecroulé sur son bureau, Darchi désespérait, il n’avait plus aucune piste et venait de demander l’incarcération de Nossu qu’il croyait innocent, mais bon, le public et son chef attendaient un coupable et il fallait bien leur en donner un …

« - Commissaire le rapport sur Safiès que vous m’aviez demandé.

-       Ah oui, posez ça là.

-       Il a l’air sans histoire, pas grand chose à dire.

Darchi feuilleta le dossier et ne trouva que des banalités. Safiès était restaurateur depuis 15 ans et se battait pour que sa cuisine moderne soit reconnue. Il avait péniblement décroché une étoile alors que lui se disait le nouveau Mozart de la cuisine. Un Mozart incompris visiblement.

 

Les journaux ne parlaient plus que de cela et le grand chef de la police n’était qu’à moitié satisfait des résultats de l’enquête. Il venait de convoquer Darchi dans son bureau et celui-ci s’attendait à passer un mauvais quart d’heure.

Sur son bureau, en désordre, s’étalaient les éléments du dossier, mais rien à faire, pas le moindre début d’indice. Darchi prit son stylo et se mit à dessiner des moustaches sur la coupure de journal où l’on voyait Drave et son collègue Fasié, tout sourire, présentant leurs recherches. Les deux personnages avaient un look rigolo. la coupure de presse était jaunie par le temps mais la photo était encore nette. On pouvait y distinguer le moindre détail, comme cette tâche sur le bras de Fasié.

Darchi sortit une loupe de son tiroir et examina la photographie de plus près. Pas de doute, enfin il tenait son coupable !

 

Dans le bureau du chef, Darchi était tout sourire.

« - Alors Darchi cette enquête ? Toute la presse est à la porte du commissariat, ils attendent le coupable.

-       Le voilà ! Darchi déposa la coupure de journal sur le bureau de son patron.

-       Expliquez-vous Darchi.

-       Regardez donc le bras de ce monsieur avec cette loupe.

-       Un tatouage ? Et alors ?

A ce moment deux gendarmes entrèrent dans le bureau, ils encadraient un petit homme chauve qui se débattait et hurlait pour qu’on lui enlève les menottes.

-       J’aimerais comprendre ! hurla le chef de la police.

-       Voilà le coupable, dit simplement Darchi.

-       Coupable moi ? Je vous rappelle que je suis le responsable du syndicat des restaurateurs et je porterai plainte !

-       Comme votre ami Drave vous ne n’acceptez pas d’échouer, Darchi bombait le torse.

-       Vous n’avez aucune preuve, hurla Safiès.

Darchi prit le bras de l’accusé, souleva sa manche et révéla à tous le tatouage en forme de serpent.

- Ce tatouage est un caducée, c’est le symbole de la médecine. Hé oui ! Fasié et Safiès sont une seule et même personne. Vous vouliez que votre cuisine soit reconnue et vous ne pouviez plus supporter la réussite insolente de Nossu et du Paquebot. Alors vous avez utilisé vos talents de chimiste pour tenter de tirer la couverture de votre côté, pour qu’on s’intéresse enfin à votre cuisine. Mais voilà Monsieur Safiès, c’est fini, et la seule cuisine que vous allez désormais fréquenter sera celle de la prison.

 FIN

Laissez-nous un petit mot pour nous donner votre avis sur notre travail !

Retour page élève

Retour accueil